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Une entière famille de mineurs, depuis plusieurs générations. Mère et père revenant du travail tellement noirs de charbon et de poussière qu'on avait du mal à discerner leurs visages, seuls leurs yeux brillants ressortaient dans cet océan d'obsidienne. Ils étaient chargés de miner les pierres nécessaires aux cérémonies du Pacte, ainsi que diverses pierres précieuses servant à fabriquer des bijoux luxueux. Ne vous y méprenez pas, ils avaient en vérité la charge de miner tout ce qu'ils trouvaient. Lorsque la mère tomba enceinte, ce fut l'euphorie pour le jeune couple. Il est connu que les habitants des trois obédiences inférieures, à savoir rubis, saphir et émeraude, n'ont droit qu'à un seul enfant, c'est donc un évènement très important qui n'arrivera qu'une fois à chaque femmes. La mère savoura sa grossesse et même l'accouchement grâce à cette pensée sombre qu'elle n'aurait pas l'opportunité de revivre ça. La chance avait cependant sourit au couple qui donna naissance à des jumelles. Ils les nommèrent Noâ et Roxy. L'une était le jour et l'autre la nuit.
Loin de se ressembler, les fillettes présentaient de singulières différences, une blonde et une brune, Noâ fut la première à esquisser un sourire tandis que Roxy pleurait toute la journée et toute la nuit, demandant une attention constante à ses parents qui n'en pouvaient plus. Tandis que Noâ était adorée de ses parents, ceux-ci furent très vite à court de patience pour Roxy, Noâ devint rapidement la petite idole tandis que Roxy semblait fatiguer ses parents. Elle développa très vite un grand besoin d'attention, elle voulait qu'on s'occupe d'elle. Elle développa également une grande jalousie envers sa soeur. Elle l'aimait mais elle lui volait sans cesse la vedette, Roxy ne pouvait rien faire sans que Noâ ne fasse quelque chose de meilleur, elle était toujours adorée de tous et sa soeur restait dans l'ombre, attendant désespérément que l'on remarque ses propres talents, qui étaient nombreux. Malheureusement, Noâ se révéla très douée pour les combats, comme beaucoup de rubis, elle était très forte, agile, rapide, elle frappait sans qu'on la voit, elle était excellente. Quand à Roxy, les combats, ce n'était pas son truc, elle ne rêvait que de paillettes, passait son temps à admirer la reine qui était un symbole de mode pour tous.

Très vite, il fut évident que Roxy n'avait pas sa place chez les rubis et elle fut encore moins aimée qu'avant, en particulier par ses parents qui se tournèrent encore plus vers Noâ, leur petit prodige. Roxy fut blessée tellement de fois à cause de Noâ, qu'elle en perdit le compte, elle se refusait pourtant à lui tourner le dos, elles étaient soeurs jumelles et Roxy s'était toujours dit que tout s'arrangerait après la cérémonie. [/size]

La pluie tombait drue sur l'Abysse. Un combat faisait rage et quelques personnes observaient, criant des noms que je n'arrivais pas à saisir. Personne n'avait droit de se mettre en travers d'un combat, c'était comme tricher. Pour ma part, je n'avais jamais eu goût à ces enfantillages de bas-étage. Je voyais plus grand, plus beau que quelques combats de rues entre armoires à glaces. J'étais pour la beauté du poignard dans le dos, du poison subtilement glissé dans un verre. Je comprenais bien entendu que parfois la nécessité pouvait nous obliger à combattre mais les combats de rues n'étaient qu'un amusement dont je ne voyais pas l'intérêt. Je m'étais installée dans un coin où j'attendais ma soeur et ses amis puisqu'elle en avait elle. Amis qu'elles s'était fait au centre d'entraînement bien sur, endroit où je détestait mettre les pieds. Hé Roxy ! me cria-t-elle de loin. Elle était accompagnée d'une adulte affublée d'affreux piercings sur les joues. Je devinais immédiatement que c'était une tatoueuse, de toutes manières elle avait amené ses instruments de torture, je ne pouvais pas me tromper. Noâ avait l'air décidé, elle avait échangé des trucs à la femme apparemment, trucs qu'elle voulait voir rentabilisés. Elle me dit qu'elle m'avait acheté un tatouage à moi, sa soeur. Elle me dit qu'on le ferait ensemble pour se souvenir que nous étions soeurs. Mais mon cerveau s'était déjà déconnecté. J'ai vaguement accepté qu'on m'affuble de deux cercles entrelacés sur mon poignet et n'ai même pas senti la douleur. Au fond je savais bien que ce serait ma dernière année avec ma soeur. Lors de la cérémonie, j'allais m'enfuir de cette obédience qui ne me convenait pas, j'allais m'élever tandis que ma soeur et ses idiots d'amis resteraient de pauvres enfants qui jouaient à la gué-guerre. J'aurais aimé être plus proche de ma soeur mais il fallait croire que ça n'avait jamais vraiment fonctionné entre nous, elle n'avait jamais réussit à me comprendre. Elle se confiait autant à moi que je restait fermée de mon côté. C'était comme si je savais tout d'elle et qu'elle se fichait éperdument de moi. Je finis la soirée avec un garçon dont je connaissais à peine le nom, je n'étais plus vierge depuis un moment, j'avais trouvé refuge dans les bras des garçons lorsque j'avais compris que je n'obtiendrais pas de câlins de mes parents.

Ma soeur avait des rêves complètement dingues. Elle me chuchotait la nuit que le système était corrompu, pourri jusqu'à la moelle et qu'on pourrait changer ça. Je finis par comprendre qu'elle voulait se rebeller, elle monta un plan toute seule pour pouvoir donner libre cours à ses idées farfelues, nous allions rejoindre les émeraudes. On chuchotait que le centre des idées noires comme celles de Noâ était là-bas, je ne lui répondait jamais mais ma soeur prenait pour acquis le fait que je la suivrait. Après tout, je n'avais jamais voulu rester ici. J'avais fini par prendre l'habitude d'ignorer ses discours enflammés, la reine était celle dont je voulais m'approcher, je ne voulais en aucun cas l'abattre.

Ca y est, c'était enfin notre tour. C'était à nous et à tous nos amis de choisir notre obédience. Je savais déjà que la plupart des amis de ma soeur choisiraient les rubis et resteraient ici devenir de bons petits chiens de garde. Je savais qu'elle n'en avait parlé qu'à moi, de ses projets. Je savais que j'allais enfin changer de vie pour devenir celle que j'étais vraiment, la fille douée de ses mains et de sa tête, celle qui aimait la beauté et qui n'aurait pas pu vivre dans une cabane de branches en pleine forêt comme ma soeur en rêvait. Nous nous sommes alignés autour de la fontaine les diamants passèrent avant nous et la plupart restèrent diamants tandis que quelques uns rejoignirent les émeraudes, des fous. Puis ce fut notre tour. Ma soeur passa juste avant moi en me lançant un regard éloquent qui ne voulait rien dire d'autre que "on va les épater soeurette". Elle choisit l'émeraude va s'incliner devant la fille de la lune que j'observe avec référence depuis le début de la cérémonie, puis sa pierre est implantée et elle rejoint les émeraudes. A mon tour. Je lâche la pierre rougeoyante dans la fontaine et y entre pieds nus avec empressement. Je ramasse une pierre immaculée, brillante et magnifique à l'image de celle que j'aimerais devenir. Et vais m'incliner devant la reine. Je ne regarde pas ma soeur pendant toute la durée de la cérémonie, je devine aisément sa surprise et l'incompréhension qu'elle doit ressentir, elle qui ne m'a jamais écoutée. Ma nouvelle pierre est implantée.  

Il est rare que d'autres obédiences rejoignent les diamants et ceux-ci ne m'accueillent pas vraiment à bras ouverts. Le début de ma vie de diamant fut difficile. Bien que ma beauté et mon intelligence m'ouvre certaines portes qui m'auraient étaient fermées sinon, j'eus du mal à entrer dans leur monde, à m'intégrer. Malgré tout, je finis par me faire une amie, et une entraînant l'autre, je finis enfin par me faire accepter parmi les diamants. Je n'ai pas revu ma soeur depuis qu'elle est partie chez les émeraudes, à croire qu'elle vit dans les arbres, habillée en peaux de bêtes.

Citation :

Depuis son arrivée chez les diamants, Roxy a changé du tout au tout. Elle a repris cette confiance en elle qui croupissait au fond de son coeur, elle est devenue encore plus superficielle, elle croit encore plus en la reine et sa bonté, et elle a développé un caractère bien plus lumineux que celui qu'elle avait jusque là.